Grande pompe

Publié le par Lucien

    C’est exactement pour ce genre de filles que je continues à fréquenter les mariages.
    À la base, rien ne me forçait à honorer celui-ci, si ce n’est le fond vulgaire de la mariée et la présence supputée de copines à elle du même acabit.
    Celle-ci occupait un rôle somme toute assez classique dans toutes noces, la copine trentenaire célibataire et dépressive qui se force à paraître heureuse pour la mariée mais qui enrage intérieurement d’être l’une des seules à ne pas être venue accompagnée.
    Elle n’a même pas cherché à sauter pour récupérer le bouquet dont s’est emparée une autre gourde qui se mariera normalement l’été prochain avec l’un des copains du marié. Elle a juste sorti une tenue volontairement provocante au cas où ce qu’elle a lu dans la presse féminine s’avérait exact, comme quoi bon nombre de rencontres se joueraient lors d’évènements de ce type.

    Je l’ai tout de suite repérée. La fille isolée qu’on ne sait comment disposer dans le plan de table et qui fout la merde niveau organisation. En général, on évite de la placer aux tables des familles ni à celle des mariés pour qui elle n’aurait de toute façon pas fait une bonne témoin. On la retrouve systématiquement dans un coin de la salle, à la table fourre-tout des amis éloignés ou chiants, entre celle des vieux et celle des gosses.
    Ce qui m’a interpellé chez elle, c’est ce paradoxe de profond malaise enrobé dans une enveloppe putassière. Tout en elle suintait la pauvre fille désespérée qui s’en remettait aux derniers artifices outranciers pour tenter d’exciter du petit neveu toujours puceau au vieil oncle fraîchement divorcé. C’est finalement l’un des cousins de la mariée qui est tombé dans le panneau, lui qui pourtant au départ ne préfigurait dans aucune des niches ciblées.

    J’ai tout de suite aimé sa façon polie de répondre à ses voisins de tables qu’en temps normal elle aurait fui comme la peste, tout en esquissant un regard perdu entre les mariés, le mauvais DJ et son portable qui ne sonnera désespérément pas de la soirée. C’est même ce que j’ai préféré, bien avant sa nuisette noire échancrée jusqu’aux ovaires et ses platform-shoes de pute à talons métal laissant deviner une French-pédicure parfaite.
    J’ai encore plus apprécié sa manière de rembarrer les potes relous du marié qui ne voyaient en elle qu’une salope de mariage. Et je ne dis pas ça pour avoir croisé son regard oblique au moment de l’ouverture du bal sur l’air des Dix commandements. Moi qui avais prévu de m’éclipser juste après les premières notes du Oh happy day lançant le découpage de la pièce montée, j’ai décidé de rester, quitte à me griller sous les sunlights des tropiques, juste pour voir si l’amour se raconte en musique. Aucune connaissance en vue hormis la famille au complet, j’ai laissé ma honte au vestiaire et, sous couvert d’être bourré, je me suis empalé toute la série qui va bien, de Cloclo aux Musclés, en passant par I will Survive et un mauvais remix des White Stripes, jamais très loin d’elle qui dansait comme moi, un peu machinalement pour que cette nuit passe encore plus vite.

    Je sentais bien qu’elle ne cherchait pas à m’éviter. Que craindre de la part du cousin de la
mariée, maqué jusqu’aux dents avec une putafrange et dont les gosses doivent sûrement bricoler dans un coin, livrés à eux-mêmes et occupés avec leurs petites cousines à découvrir comment on fait des baisers de cinéma.
    Elle sentait bien que je ne cherchais pas à l’éviter. Que craindre de la part d’une pauvre fille esseulée qui vit avec son chat, qui carbure aux Lexomil et aux cours de Salsa et qui maudit ses sales pompes de pouffiasse achetées pour l’occasion chez Dream’s, justes bonnes à lui faire un mal de chien à défaut de se trouver un mec.
Elle ne devait sûrement pas se douter qu’en fait, j’appréhendais la série de slows qui auraient fait vibrer mon portable en continu dans la poche de mon pantalon de costard Agnès B.
    Je ne devais sûrement pas me douter qu’en fait, elle suppliait intérieurement le DJ de stopper net sa série années 80 à la con pour balancer un bon vieux quart d’heure américain qui n’en finirait plus de finir.
    Je m’imaginais refaire ma vie avec elle, lui faire retrouver le goût de sourire et de se lever le matin, lui faire arrêter les cours de Salsa et se débarrasser de son chat, lui réapprendre à apprécier les mariages, lui faire amortir ses chaussures de salope dans des boîtes à partouzes où elle n’aurait même pas à faire la causette avec ses voisins de table. Peut-être même lui faire des enfants si l’envie lui prenait un jour.
    Elle s’imaginait continuer sa vie avec moi, servir de maîtresse occasionnelle pendant quelque temps, exciter l’homme marié pré-quadra lors de rencontres furtives où il n’aurait même pas pris le temps de lui arracher sa nuisette et lui retirer ses talons. Peut-être même qu’un jour, il aurait quitté sa femme pour elle.

    Le quart d’heure américain n’est jamais arrivé. Les mariés ont préféré donner la consigne au DJ d’enchaîner les plus grands succès de Gilbert Montagné avec les cinquante plus grosses daubes de Dance de ces dernières années répertoriées par Radio FG.
    Ou alors il est arrivé bien trop tard, en fin de nuit, à une heure où mon portable somnolait tranquillement sur mon bureau, relié à son chargeur de batterie et où les platform à talons métal garnissait le sac poubelle en plastique de ce petit studio, recouverts par une conserve de pâté pour chat  et par une boîte de Lexomil vide.
    La fille s’appelait Elodie je crois. Personne n’en était vraiment sûr.

Publié dans Mixages

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N
A croire qu\\\'on se colle à la peau...en grandes pompes...oui, suis de retour, toute bronzée et toute reposée...mais je lirai plus tard, je vois que tu n\\\'as pas perdu ton temps en mon absence...
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L
Et oui, y'en a qui bossent pendant que d'autres se font cuire la raie...
V
Il est bien ce texte. Ca me donne envie de lire le reste.
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L
Bienvenue Mr Vagant !T'en a mis du temps pour découvrir mon adresse !Bon courage pour rattraper ton retard...
S
Donc le Lulu est taraudé par le PS du dernier post... Fichtre....<br /> Et il m\\\'a foutu une bonne claque !... Car Lulu a raison... Le bougre ! Pourquoi ne pas répondre aux comm ?... C\\\'est pas faux...<br /> Mais pas tout a fait vrai non plus !.... Explications :<br />  <br /> Pourqoi a-t-il raison le Lulu ?.....<br /> Ben il l\\\'a bien expliqué. Après tout cette façon de prendre les lecteurs de haut en leur imposant de répondre est assez prétentieux de notre part. Et j\\\'avoue faire de suite mon mea culpa là dessus.. Promis j\\\'essay de répondre.<br />  <br /> Mais pourquoi alors n\\\'a-t-il pas tout à fait raison non plus ?.. le lulu ?.... Hein ?....<br /> Ben déjà on a fait une grosse boulette en se loggant chez Google.. Car ca ne vaut pas Canalblog au niveau de l\\\'interactivité. Je suis conscient que c\\\'est pas bizance pour poster un comm... cette fenêtre popup n\\\'est pas ergonomique pour un sou. et pour épondre encore moins !...<br /> Mais pour se recogner tout le blog à tranférer sur CanalBlog.. pfff.. pas le courage pour le moment....Et puis la foncton répondre à l\\\'expéditeur de façon personnelle n\\\'existe pas...<br /> Ensuite, bien qu\\\'il y ait le coté excitant de s\\\'exhiber sur la toile, y\\\'a quand même une "offre", un "travail", gratuits en plus, et qui pourraient des fois être récompensés par ne serait-ce que 3 petits points.. Mais ok, c\\\'est prétentieux... J\\\'arrête là.<br /> Moi javoue que je poste régulièrement sur certains blogs sans attendre autre chose qu\\\'on fasse de même sur le notre. Ambroisie, Lapin, Ninou, Aurélie et Franck,.... Certes je ne le fais pas tout le temps mais je prends le temps de le faire régulièrement. pas souvent mais régullièrement. <br />  <br /> Alors MERCI Lulu pour ce comm !.. Il est original, acide et à sa place.... Je vais veiller à répondre aux post maintenant. <br />  <br /> Alors d\\\'ores et déjà : Merci Lulu, Ambroise, Franck75, Lapin, PB68, Collant 56, <br />  <br /> Et pout info les jambes de Ka ne sont JAMAIS Rallongées !.. Retouchées sur la lumière ou la colorimétrie.. Mais le corps reste le même !...<br />  <br /> Syl..(message en dupli sur le blog)
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L
cqfd
M
Un texte fort, mais si certain y trouve un coté chaud. pour ma part j'avoue etre sorti de ton texte un peu triste, avec comme un gout moite une envie de geuler!<br /> Bizarre comme les mots deviennent vide pour certain et pour d'autre l'expression exacte de leur maux..
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L
Ca me fait plaisir ce que tu me dis là Marie.J'ai moi même ressenti ce profond malaise lors de cette scène ainsi qu'en la retranscrivant ici même. J'en ai encore des séquelles à vrai dire...
C
Non ces soirées mariage. Je n'imagine jamais qu'un homme quitte sa femme pour moi. Qu'est-ce que j'en ferais après ?
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